Modérateur : Pascal Perzo, directeur général Institut Asopen France
Philippe Herzog, Président de confrontations europe, ancien député européen,
Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au maire de lyon, conseillère générale du Rhône,
Olivier Ferrand, Président de Terra Nova,
Un chef d'entreprise représentant le CJD,
Marie-José Fleury, collaboratrice de J. Delors au Conseil de l'Emploi, des Revenus et de la Cohésion sociale (CERC), fondatrice de L'Europe à la Une.
Je suis l'atypique de ce panel. Tout d'abord, je réagis au mot "jeune". J'ai 42 ans et bientôt je serai oblitérée obscolète pour l'entreprise. Ensuite, je réagis au mot "leader". A part être leader de moi-même ce qui est déjà une vaste entreprise, je ne suis pas à proprement parler un leader. Enfin, j'interviens dans le cadre de ce panel en raison de la défaillance du représentant du parti des Verts. On m'a demandé si je voulais bien participer à ce panel
Pour ma part, j'ai fait d'une conviction qu'il n'y a d'avenir qu'européen un engagement à la fois militant et une démarche professionnelle (J'ai adhéré au Mouvement Européen-France en 1984 c'est-à-dire bien avant mon engagement dans un parti politique dont deux membres de ce panel sont d'éminents élus et bien avant mon engagement syndical puisque j'ai été en charge des affaires européennes à la CFDT sous le patronnage de N. Notat pendant 8 ans et maintenant auprès de J. Delors au CERC). J'ai pris le pari risqué de communiquer sur l'Europe en essayant d'être le plus à l'écoute, d'analyser et surtout d'expliquer toujours et encore : faire de la pédagogie. Au contraire de ce que disait O. Ferrand dans ce panel. Pour lui, transmettre c'est convaincre. Or, pour moi dans convaincre il y a vaincre. Or, l'essentiel pour moi consiste à donner à l'autre les éléments pour qu'il puisse comprendre, lui donner toutes les clés pour qu'il puisse décider en toute connaissance de cause et si ce dernier se décide dans un sens qui n'est pas celui auquel j'aspire, c'est moi qui aura failli.
Je n'ai pas connu R. Schuman ou J. Monnet mais je les ai beaucoup étudiés. J'ai eu la chance dans mon parcours de rencontrer J. Delors qui fut mon parrain de promotion. En effet, je suis un pur produit de l'élitisme républicain qui m'a amené à poursuivre mes études au Collège d'Europe de Bruges. Ecole voulue par les Pères fondateurs de l'Europe pour porter la construction européenne. Et, j'ai envie de dire, en reprenant le titre d'un film dans lequel jouait J. Yann, que j'ai mis mes pas dans les pas de mon père spirituel.
J'ai créé L'Europe à la Une, l'idée m'en est venue le soir du 29 mai 2005. En effet, ce fut les 4 plus longues heures de ma vie quand dans le bureau de vote à 20 heures on m'a annoncé les "carottes sont cuites" et que s'ajoutant au marasme, il a fallu gérer un problème de décompte entre les enveloppes et le nombre de votants. J'ai eu le temps de penser et retourner la question : comment avions-nous pu en arriver là ?
De mon point de vue et au contraire de ce que disais P. Herzog, avant de renouveler le modèle, il conviendrait que celui-ci soit déjà compris.
Mon idée de la construction européenne n'est pas très originale. Elle s'inscrit en droite ligne de celle de J. Delors. En effet, pour raviver la vitalité démocratique de l’Europe, l’Union européenne doit tendre vers 3 objectifs :
1) établir un espace de Paix et de compréhension mutuelle entre les peuples
2) déterminer un cadre pour le développement économique et social.
Je ne m'appesantirai pas sur cet objectif car de nombreux ateliers en ont débattu aujourd'hui.
3) favoriser la diversité culturelle. En effet, même supprimée du préambule du nouveau traité de Lisbonne, la devise de l’Europe reste « Unie dans la diversité ». Il s’agit de quelque chose de plus : une redéfinition culturelle du projet européen. L’Europe est magnifique de par sa diversité. Ainsi, pour faire le lien avec la table-ronde de ce matin, on en reviendrait au point de départ de J. Monnet bien qu'on ne sache pas s'il a jamais prononcé cette phrase.
Je n’ai pas de focalisation sur des « absolus » comme la politique sociale préalable à l’UEM ou une Europe plus sociale ou encore l’Europe politique préalable à l’union monétaire, ce sont autant d’éléments qui desservent un débat et une construction raisonnée.
De mon point de vue, L’Europe ne peut se penser ni se gérer en démarche linéaire ; elle est, au contraire, le résultat d’interactions, de chevauchements. Rien n’est prémédité tout est à dessiner ou à inventer en tenant compte de la réalité et de l’environnement.
J’aurai une suggestion en ces temps de crise : des États généraux de l’Europe des Européens par les Européens et pour les Européens à l’échelle de l’Europe des 27 et de ceux qui sont candidats reconnus à l’adhésion.
Des débats nationaux ont été organisés lors de la Convention sur l’avenir de l’Union européenne qui sont demeurés nationaux.
N’attendons pas qu’on nous sollicite, organisons-nous, dessinons l’Europe que nous voulons !