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Nabucco et Galiléo sont dans un bâteau...

C’était au début de cette année, la Commission européenne présentait un paquet intégré de mesures dans le domaine de l’énergie et du changement climatique afin de réduire les émissions pour le XXIème siècle. Ce paquet comportait un volet international avec notamment la politique énergétique externe et l’indépendance d’approvisionnement des pays de l’Union européenne.

 Si la Russie s'organise pour que l’approvisionnement européen en provenance des pays de l’ancienne URSS passe par  le territoire russe (le gazoduc Blue stream), l’Union européenne et, semble-t-il la Turquie avec la participation d’entreprises entre autres américaines, tentent de développer d'autres voies (le projet de gazoduc Nabucco).

Récemment, le Premier ministre hongrois a annoncé la participation de son pays dans le projet russe Blue Stream. (Ceci n'est pas sans rappeler l'achat d'avions militaires américains par le gouvernement polonais à peine  le seuil franchi de l'Union européenne. Il est vrai que l'Union européenne n'a pas pensé à la conditionnalité des aides accordées aux nouveaux entrants).

Or, de l’avis d’experts, sans la participation de la Hongrie, le projet de gazoduc Nabucco perdrait de son intérêt économique. A la détermination russe s’opposent les tergiversations et états d’âmes européens. Or, « l’abandon du projet Nabucco signifierait que la Russie aurait le contrôle complet de fournitures de gaz à l’Union européenne en provenance des pays de l’ancienne URSS »[1].

On constate que les européens sont à la peine pour définir et mettre en œuvre une stratégie d’approvisionnement énergétique assurant l’indépendance de l’Union européenne. De plus, l'importance géostratégique de l'adhésion future de la Turquie à l'Union européene s'éclaire. Il nous paraît un peu prématuré de rejeter cette perspective et de renvoyer la Turquie à une Union euroméditerranée...

 
Dans un autre régistre : Galiléo. Le 16 mai dernier, nous apprenions par un communiqué et deux documents officiels de la Commission européenne que « la feuille de route de Galiléo doit être adaptée pour respecter l’échéance de 2012 pour la pleine opérabilité de Galiléo ».

Galiléo est le nom donné au système européen public/privé de radio navigation par satellite, en quelque sorte l’équivalent européen du GPS américain développé lui  par les militaires. 

La radio navigation par satellite est une technologie de pointe qui permet à n’importe quel individu en possession d’un récepteur de déterminer très précisément sa position grâce au recueil de signaux émis par plusieurs satellites.

Ce projet a été approuvé par une résolution du Conseil européen du 5 avril 2001. 3 phases étaient prévues : développement et validation en orbite ; déploiement et, enfin, exploitation. Cette dernière phase devait commencer au début de l’année 2008. En octobre 2003, l’entreprise commune Galiléo qui regroupe la Commission européenne et l’agence spatiale européenne auxquelles sont venus s’ajouter la Banque européenne d’investissements (BEI) et des entreprises privées a lancé l’avis de concession pour les deux dernières phases.  Il a été attribué au consortium EuroGNSS regroupant AENA, Alcatel, EADS, Finmeccanica, Hispasat, Inmarsat, Thales et TeleOp.

La Commission européenne dans sa communication du 16 mai dernier indique que « la mise en œuvre des programmes européens GALILEO et EGNOS de navigation par satellite enregistre un retard de 5 ans par rapport au calendrier initial. Il fait face actuellement à plusieurs difficultés relatives en particulier à la gouvernance du projet de la part des industriels et à la question du transfert des risques au secteur privé dans des conditions raisonnables. Il y a aussi des problèmes liés à la gouvernance publique ». 

A ce diagnostic sévère mais semble-t-il juste et partagé, la Commission propose différents scénarii de sortie de crise et annonce la nécessité de trouver 2, 4 milliards d’euros de fonds publics supplémentaires[2] pour financer la construction des infrastructures notamment les satellites. Or, l’Europe a besoin de ce système, là aussi, pour assurer son indépendance dans cette technologie et ses développements. Le Conseil des ministres européens des transports devrait en discuter les 7 et juin prochain.

Nous aurions pu aussi évoquer le cas d'EADS et les problèmes de l'avioneur européen. Mais ils sont encore d'un autre registre. Même si là aussi les industriels qui font partis du pacte d'actionnaires aspirent à se désengager...

 
Le constat est rude sur les difficultés dans lesquelles l’Europe se trouve pour concrétiser ses projets et surtout ses ambitions et à s’affirmer comme puissance à part entière. Dans le cas du gazoduc Nabucco, c’est de l’indépendance de son approvisionnement dont il est question et avec GALILEO de son indépendance technologique vis-à-vis des Etats-Unis.

 

Dans la communication au Conseil européen de mai 2006 « Un projet pour les citoyens produire des résultats pour l’Europe » qui devait lancer l’Europe des projets de JM Barrosso, la Commission européenne mentionnait « Avant toute chose, une telle démarche nécessite une volonté politique dans l’ensemble de l’Europe, dans les États membres et dans les régions. Indispensables au fonctionnement de l’UE, des institutions efficaces sont le symbole de la nature politique du projet européen ».

 



[1] Cf Bulletin quotidien Europe n° 9425 Editorial de F. Riccardi

[2] Ces 2,4 milliards d’euros viendraient s’ajouter aux 3,6 milliards déjà prévus et correspondant au tiers du financement du projet.

Tag(s) : #L'europe au quotidien